Le manque de mobilité est un obstacle majeur pour trouver un emploi.
En effet, pour être recruté, surtout dans le BTP, un candidat doit pouvoir non seulement se rendre à son travail, mais aussi sur les différents chantiers où il sera amené à intervenir. Être embauché, c'est aussi parfois devoir quitter sa région pour se rapprocher de l'entreprise.
Geiq BTP 42 l’a compris et tente d’y remédier grâce à un dispositif novateur dédié à l'obtention du permis B, incluant la formation au code de la route, des cours de français et des simulations de conduite.
Lancé en octobre 2023, ce projet expérimental porté par Geiq BTP 42 et financé dans le cadre de l’Axe 3 du PIC (Plan d’Investissement dans les Compétences) regroupe de nombreux partenaires.
Au-delà de résoudre les problématiques de déplacement, il propose un accompagnement global qui comprend aussi l’apprentissage de la langue, notamment le champ lexical spécifique à un métier, le logement et la lutte contre la fracture numérique. L’objectif est de donner toutes les clés aux jeunes chercheurs d’emploi pour accéder à un poste pérenne car, plus qu’une stabilité financière, le travail apporte valorisation, statut social et reconnaissance.
Le succès de la démarche repose entièrement sur la synergie entre les différents acteurs impliqués.
Geiq BTP 42 travaille en effet en étroite collaboration avec ses entreprises adhérentes, ainsi qu’avec AGIR abcd42, AFI Ecrit 42, l’AFPA et l’Institut de Conduite. Deux auto-écoles sont partenaires et une dizaine de bénévoles participent.
L'innovation réside dans ce montage partenarial dans lequel chacun apporte son expertise et ses compétences pour garantir une approche complète et adéquate aux apprentis.
L’Etat apporte également son soutien puisque la préfecture de la Loire a co-financé un simulateur de conduite avec Geiq BTP 42.
Le dispositif s’appuie aussi sur la Préparation Opérationnelle à l’Emploi Individuelle (POEI) organisée en collaboration avec France Travail. Il s’agit d’une aide apportée aux employeurs pour le financement d’une formation avant embauche, avec un contrat de douze mois minimum.
Cette expérience se veut un modèle à mutualiser avec d’autres Geiq de la région Auvergne-Rhône- Alpes, voire des autres territoires.
Pour coordonner ces interventions et l’ensemble des parties prenantes, Geiq BTP 42 a recruté Cléo OMBRET.
Son rôle est essentiel. Elle est l’interface entre tous les intervenants et assure également le suivi individualisé des apprentis et leur accompagnement administratif.
Cléo accompagne les jeunes avant, pendant et après le contrat d’alternance pour assurer la réussite de chaque parcours.
Cléo OMBRET, chargée d’accompagnement socio-professionnel au Geiq BTP 42, accompagne et coordonne le dispositif.
« Au départ, il a fallu travailler sur la nécessité de l'assiduité et de la régularité, expliquer le contexte de cette opération pour que tout le monde prenne ses marques : pour les jeunes, en comprendre l’utilité et trouver des créneaux horaires disponibles, car ils sont aussi en formation professionnelle et scolaire; pour les associations, pallier le manque de bénévoles.»
Cléo OMBRET, Geiq BTP 42
Aujourd’hui, la partition est réglée et l’accompagnement des apprentis optimal.
Dans le cadre d’un partenariat AFPA/Geiq BTP 42, les jeunes bénéficient d’une préqualification multi-métiers lors de stages de deux à quatre semaines. Cette phase préparatoire définit la poursuite dans le cursus vers un contrat de professionnalisation. Ce contrat en alternance permet d’acquérir une qualification et favorise l'insertion ou la réinsertion professionnelle.
C’est le parcours qu’a suivi Amranne, 19 ans, originaire de Mayotte.
Arrivé d'abord à Angoulême, il est venu s’installer à Saint-Étienne.
Après un passage à la Mission locale et une formation à l’AFEV (Association de la Fondation Étudiante pour la Ville qui lutte contre les inégalités éducatives et sociales et le décrochage scolaire), il a intégré le GRETA CFA Loire et travaille aujourd’hui en alternance chez l'entreprise Giraudier bois création.
Il s’est d’abord essayé à l’électricité et au chauffage, mais sa préférence va à la menuiserie. Il apprécie de travailler en équipe.
Actuellement, il perfectionne ses compétences et se rapproche de son objectif : obtenir son titre professionnel en douze mois avec un CDI à la clé.
Motivé, il progresse chaque jour. Il a hâte de passer son code et de se lancer dans sa nouvelle vie professionnelle. Pour cela, il révise tous les soirs afin de pouvoir se présenter à l’examen prochainement.
« Au début, c’était difficile de comprendre les questions, mais, avec de la persévérance, j’ai amélioré mes connaissances. Je suis proche du but : je fais 7 fautes pour l’instant. Il faut en faire moins de 5 pour obtenir le code.»
Amranne, 19 ans
Il a également établi des liens avec ses camarades et ils se soutiennent mutuellement, tous déterminés à réussir.
Quatre bénévoles d’AGIR abcd42 interviennent auprès des apprentis.
Parmi eux, Robert, retraité du transport. Ancien chauffeur routier, formateur et Intervenant Départemental de Sécurité Routière - un IDSR est une personne volontaire pour réaliser des actions de prévention et de sensibilisation à la sécurité routière - , il met son expérience au service des jeunes. Son implication est précieuse pour contribuer à leur réussite.
Un ami d'enfance, Pascal, ancien moniteur d'auto-école, l'a incité à s’investir dans ce dispositif.
Leur mission est d’aider les jeunes à comprendre les consignes, notamment la sécurité, en utilisant la méthode FALC (Facile à Lire et à Comprendre). Ils leur expliquent les termes spécifiques du code, comme "une chaussée" et non une route, ainsi que les phrases aux tournures complexes ou rédigées sous forme négative qui peuvent être difficiles à comprendre pour qui ne maîtrise pas bien le français.
L’objectif est de les amener à appréhender les pièges du code, au-delà du vocabulaire.
Des outils de suivi et d’évaluation, sous forme de livret pédagogique et de carnet de bord individuel, ont été mis en place pour suivre la progression de chaque candidat.
Malgré quelques difficultés, comme les différences de niveaux, celles liées à la barrière de la langue ou à l’attention des élèves, Robert donne les cours et partage ses connaissances avec plaisir.
Les alternants étudient le code et pratique le simulateur alternativement.
Il faut savoir que l’auto-école est obligatoire pour la conduite seulement (vingt heures de cours minimums). Pour le code, un candidat peut s’inscrire quand il le veut, sans prérequis. L’inscription s’effectue uniquement par internet, ce qui est compliqué pour certains élèves.
Le simulateur de conduite est un équipement très utile car il permet d'acquérir les bases en toute sécurité et diminue les craintes de conduire dans le monde réel. C’est un véritable poste de conduite qui regroupe des scénarios divers, que ce soit au niveau des conditions climatiques, de l’état du trafic, ou encore des types de voies, afin de reproduire les conditions que l'on peut rencontrer dans une situation de conduite sur route.
Robert trouve cette expérience enrichissante, il apprécie la transmission du savoir et les échanges avec les jeunes qui lui apportent leur culture et leur joie de vivre.
Il est convaincu du bien-fondé de cette démarche.
Les jeunes sont quelquefois craintifs, méfiants et distants au départ, mais j'ai réussi à établir une relation de confiance avec eux petit à petit. Les côtoyer est une vraie leçon de vie pour moi.
Robert, bénévole à AGIR abcd42
Il faudrait plus de structures engagées comme Geiq BTP 42 pour aider à l’insertion des publics rencontrant des difficultés d’intégration.
Par sa pratique de terrain, Geiq BTP 42 appréhende chaque jour les difficultés des candidats en recherche d’emploi mais aussi celles des entreprises du BTP qui peinent à recruter. Son action favorise la mobilisation et la solidarité de toutes les parties prenantes pour proposer des solutions concrètes, souples et adaptées aux différentes situations.
A ce stade, quatre jeunes suivent ce tout nouveau dispositif. Depuis mi-avril, dix autres candidats sont entrés en préqualification et ont intégré la formation à la conduite. C’est une première étape dans l’acquisition d’une mobilité autonome.
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